Commentaire du 4ème trimestre
Au cours du 3ème trimestre, les marchés financiers avaient montré une grande fébrilité. Malgré des risques grandissants de récession, l’inflation a continué de progresser, conduisant les banquiers centraux à durcir leur discours. A cela s’est ajouté l’inquiétude d’un risque de pénurie énergétique en Europe et la tempête politico-financière provoquée au Royaume-Uni après la présentation d’un projet budgétaire très peu crédible par la nouvelle Première Ministre.
En revanche, au 4ème trimestre, les investisseurs se sont montrés plus positifs et l’aversion au risque s’est globalement nettement détendue. En témoigne l’évolution de l’indice Vix, mesure de la volatilité de l’indice S&P 500, un très bon baromètre de la nervosité des investisseurs, qui est ainsi revenue à sa moyenne de long terme (20) après avoir atteint 35 en octobre.
Plusieurs éléments expliquent cette détente de l’aversion au risque. Au Royaume-Uni, le remplacement de la Première Ministre Liz Truss par Rishi Sunak et l’élaboration d’un budget « sérieux » a rassuré les marchés. S’agissant de la question énergétique en Europe, la proactivité réponse rapide des autorités à remplir les réserves de gaz (au prix fort) et un automne plutôt clément ont pu éloigner le risque de pénurie.
Outre ces éléments spécifiques, c’est surtout la question des taux d’intérêt et des politiques monétaires qui a permis ce sursaut d’optimisme. Au cours du 4ème trimestre, les principales banques centrales ont continué à durcir les conditions monétaires. Sur cette période, la Fed et la BCE ont relevé leur taux d’intérêt de 1.25%, portant leurs taux directeurs à des niveaux hauts depuis 15 ans. Cela n’a pas effrayé les marchés car cela était déjà largement anticipé. D’ailleurs, des hausses de taux sont encore prévues au début de l’année 2023 mais désormais, il est anticipé des politiques monétaires plus accommodantes dans la 2ème partie de l’année 2023. Ces anticipations sont la conséquence d’une inflexion de l’inflation. En effet, depuis quelques semaines, l’inflation marque le pas dans les principales zones économiques. Cela s’explique essentiellement par la forte réduction des tensions sur les chaînes de production, par la baisse des prix de l’énergie et de nombreuses matières premières.
En conséquence, on constate un retour au calme sur les marchés obligataires avec le taux 10 ans américain globalement inchangé à 3.85% et le taux 10 ans allemand, relativement stable autour des 2.10% jusqu’à la mi-décembre. Notons néanmoins que la dernière réunion de la BCE le 15 décembre a été marquée par un message à la tonalité bien plus restrictive que ce qui était anticipé, entrainant une hausse de 0.50% du taux allemand dans les 15 derniers jours de l’année.
Cyril Deblaye